Troc, troc, troc, qui est là ?
Un chameau contre trois amphores, un carquois contre un calumet, c’est sur ce simple principe d’échange de biens matériels ou de services que “l’économie” a longtemps reposé. Aujourd’hui, avec l’émergence de l’économie collaborative, le troc revient. Petit tour d’horizon de ces sites où on s’échange des biens et des services sans passer par la case “paiement”.
Pour qu’il y ait troc, il faut que deux personnes aux besoins parfaitement symétriques se trouvent, et c’est bien là toute la difficulté du modèle. Toutes les plateformes de mise en relation de particuliers connaissent le problème de la liquidité : si l’offre n’est pas suffisante pour répondre à la demande, le business s’écroule. Par exemple, chez Costockage, il faut qu’il y ait assez d’espaces d’entreposage disponibles de toutes sortes (garages à Paris, caves à Lyon, etc) pour que chaque locataire y trouve son compte. Dans le cas du troc, il faut non seulement que l’offre réponde à la demande, mais aussi qu’il y ait une réciprocité parfaite entre les deux. Sans Internet, c’est quasiment impossible.
Le troc du tout et du rien
Aujourd’hui, de nombreux sites proposent donc de mettre en ligne les objets que l’on se verrait bien troquer contre d’autres qui nous semblent plus utiles. Le principe est simple : plus il y a d’inscrits, puis il y a d’objets proposés. Plus il y a d’objets proposés, plus on se rapproche d’un niveau optimal de liquidité.
Au rang des sites les mieux fournis, on trouve notamment GchangeTout qui propose d’échanger des objets neufs ou d’occasion, de les louer et de s’entraider en fonction du savoir-faire de chacun. Le site dépassait les 100.000 membres dès 2010, mais impossible de trouver des chiffres plus récents… On peut également mentionner pretachanger qui a été cité parmi les 100 start-ups où investir dans le dernier numéro de Challenges. Les autres exemples ne manquent pas : Onlinetroc, ConsoGlobe et ComptoirDuTroc, des sites où on s’échange à peu près tout ce qui peut s’échanger, d’un MacBook Pro à une couette pour bébé en passant par de l’encens.
Le troc spécialisé
Certaines initiatives de troc ont pris le parti de se spécialiser dans un domaine en particulier. C’est le cas de Troc Légumes qui se cantonne à l’univers du potager (mais qui triche un peu en proposant soit l’échange soit la vente de produits alimentaires). Enfin, plus classique, TrocTribu vous propose d’échanger vos biens culturels (CDs, DVD, livres et autres). Cette nouvelle vision de troc spécialisé pose la question de l’échec ou non du troc traditionnel : peut-on réellement tout échanger contre tout et se passer d’argent ? Finalement, la généralisation même du système de monnaie n’est-elle pas la preuve que le troc, et bien ça ne marche pas ?
Le semi-troc
Certains sites ont dès lors cherché l’entre-deux : l’échange de biens toujours démonétisés mais en instaurant un système de points afin de mesurer la valeur de chaque bien. On garde le principe du troc tout en s’affranchissant des problématiques d’équivalence de biens. Au niveau vestimentaire, la sympathique plateforme kidiTroc offre la possibilité d’envoyer les vêtements désormais trop petits de ses enfants pour en recevoir des plus grands via un système de packs : un pack contre un autre, les packs ayant à peu près tous la même valeur. De même, le site d’échange de maisons GuestToGuest a mis en place un système de GuestPoints qui récompense les utilisateurs les plus actifs en leur permettant de louer et d’accueillir plus facilement. Au rayon des concepts d’entraide, on trouve Les Troc’heures qui se veut la plateforme de partage d’heures de bricolage, partant du principe qu’un service rendu en appelle un autre, et chacun a des savoir-faire différents qu’il est bon d’utiliser pour tous. Dans la même veine mais sous un format associatif, l’Accorderie lutte contre “la pauvreté et l’exclusion en renforçant les solidarités entre des personnes d’âges, de classes sociales, de nationalités et de sexes différents”. Ces sites là tentent de remplacer l’argent comme unique moyen d’échange tout en garantissant à l’utilisateur qu’il recevra un objet ou un service de la même valeur que celui qu’il propose.
Malgré ces nouveaux systèmes, on attend encore qu’un de ces sites explose. Certaines entreprises comme l’américain Thredup ont d’ailleurs fait le choix d’abandonner le troc pour passer à un système de dépôt-vente en ligne. Le troc se cherche encore mais on est optimistes chez Costockage, sous une forme ou une autre l’échange de biens ou de service entre particuliers est en marche !
Et vous, vous avez déjà échangé votre MacBook contre un canapé ?