Je jouais avec l’idée…
Je jouais avec l’idée de Costockage depuis un bout de temps déjà. A vrai dire, j’hésitais entre ça et créer une marque de vélo… Mais trois choses étaient très claires pour moi :
1) je voulais créér une boîte (depuis l’avant-bulle internet et les photos de jeunes-startupers-en-baskets-devant-des-imacs-dans-des-lofts-à-San-Francisco).
2) Je voulais créer une boite avec un copain.
3) C’est pas facile de trouver un copain prêt à se lancer dans une histoire pareille.
L’idée de Costockage avait commencé avec les scouts (comme beaucoup de choses dans ma vie : les filles – lecteur, si toi aussi tu es scout, avoue – les amis, la prise de responsabilités…).
Un jour, avec mon groupe, on s’est fait virer du local qu’on utilisait pour stocker notre matériel. Or les scouts ont BEAUCOUP de matériel. On a demandé des devis dans des centres de self-stockage. En les recevant, on a hésité entre rire et pleurer. C’était tellement cher qu’on s’est demandé si les 10m2 qu’ils nous proposaient étaient bien à 30km de Paris, ou si c’était un loft Boulevard St-Germain.
Un copain venait d’emménager seul. Il louait un studio dont le bail comprenait un box de parking et une cave. Evidemment il n’avait pas de voiture et rien à stocker. Je lui ai demandé de nous louer l’ensemble. Il a accepté et on y a mis nos outils, nos tentes et notre vaisselle. Avec l’argent, il s’est payé un abonnement au stade.
L’idée était née, mais je n’imaginais pas le nombre de personnes qu’elle pourrait aider.
J’ai réalisé que contrairement à ce qu’on pense, il y a énormément d’espace disponible dans les villes. Mais comme toute ressource chère, elle est très mal distribuée parmi la population. Par exemple, il y a des caves dans la plupart des immeubles des grandes villes, un nombre incalculable de parents dont les enfants ont quitté le foyer laissant derrière eux des chambres vides, (…), des milliers de propriétaires de parking sans voiture à y garer…
Plus j’en parlais autour de moi, et plus j’entendais de récits de galère pour tous ces moments de la vie où on a besoin d’un peu d’espace en plus pour entreposer temporairement ses affaires. Pas étonnant que le marché du self-stockage grossisse de 15% par an.
C’est absurde : pourquoi construire des entrepôts (chaque année des dizaines de nouveaux bâtiments construits dans l’unique but d’abriter des objets plutôt que des gens), nous pousser à prendre notre voiture pour apporter nos affaires et, nous faire payer une fortune? Alors que dans la rue de chacun d’entre nous il y a sûrement quelques mètres carrés disponibles, qu’un voisin se ferait un plaisir de mettre à disposition pour arrondir ses fins de mois.
Un café un dimanche matin. Un ami de longue date qui me raconte qu’il en a marre de sa grande entreprise, de mettre des cravates et de bosser des nuits entières pour d’autres. Et me voilà en train de lui déballer ce que je viens de vous dire. Et d’ajouter que, pour ma part, pas question que je m’essaye à mettre un costard tous les matins.
Mickaël fait un de ces tours de passe-passe qu’on apprend dans les cabinets de conseil où on est capable de multiplier ou diviser par 10 la taille d’un marché sans en avoir l’air. On parle d’Airbnb, de Covoiturage et d’Etsy et de la beauté de ces entreprises qui permettent à des vrais gens de rendre de vrais services à d’autres vrais gens, et d’y gagner, tout en gaspillant moins de ressources. Il me dit qu’il va y réfléchir. Je me dis que c’est peut-être fini de jouer avec l’idée, que j’ai peut-être trouvé l’associé qui me manquait pour me lancer. Le lendemain il m’envoyait un message Facebook avec un plan de travail pour les semaines à venir. Vu le temps qu’il avait dû y passer c’était comme s’il avait déjà signé…
En exclusivité mondiale, la capture d’écran du plus long message Facebook du monde…